Le donépézil (Aricept®), un inhibiteur spécifique et réversible de l'acétylcholinestérase dans le cerveau, fait partie des principaux médicaments utilisés dans la prise en charge de la maladie d’Alzheimer et d’autres démences. Si son efficacité est parfois discutée, une étude, publiée dans le Lancet Neurology, a suggéré que le médicament permet de garder les patients atteints, même à stade avancé, plus longtemps à domicile. Cette étude, publiée dans le Journal de l'Association médicale canadienne (CMAJ) alerte aujourd‘hui sur un effet secondaire aigu : le traitement est associé à un risque deux fois plus élevé d'hospitalisation pour rhabdomyolyse (dégradation rapide des muscles squelettiques).
Une méta-analyse Cochrane a conclu à des preuves de qualité modérée chez les patients atteints de démence légère, modérée ou grave liée à la maladie d’Alzheimer, avec « de légères améliorations de la fonction cognitive, des activités de la vie quotidienne et de l’état clinique global ». Face à la hausse d’incidence des démences, avec près de 10 millions de nouveaux cas diagnostiqués chaque année dans le monde, et donc de l’utilisation des inhibiteurs de la cholinestérase, ces nouvelles données appuient les avertissements des Agences sanitaires canadiennes sur le risque de rhabdomyolyse induite par le donépézil.
Un risque double d’hospitalisation pour rhabdomyolyse avec le donépézil vs les autres inhibiteurs de l'acétylcholinestérase
Cette étude d’une équipe de la Western University et du Schulich de la Western University (Canada), a examiné les données de 220.353 patients âgés de 66 ans ou plus et en moyenne de 81 ans, ayant reçu une prescription pour 3 un inhibiteur de l'acétylcholinestérase, le donépézil, la rivastigmine et la galantamine. L’analyse conclut que :
- le donépézil est associé à un risque d'hospitalisation deux fois plus élevé pour la rhabdomyolyse, une affection grave pouvant entraîner une insuffisance rénale. Le risque relatif est faible mais statistiquement significatif ;
- le donépézil est associé à un risque d'hospitalisation associé à la rhabdomyolyse de 0,06% soit ici 88 événements chez 152.300 patients ayant achevé l’étude, vs 0,02% soit 16 événements avec la rivastigmine ou la galantamine.
- Le risque d’hospitalisation (OR) pour rhabdomyolyse avec le donépézil est ainsi estimé à 2,21 vs les 2 autres inhibiteurs de l'acétylcholinestérase ;
- la plupart des hospitalisations pour rhabdomyolyse liées au traitement par donépézil ne sont pas graves et aucun patient n'a dû être traité par dialyse aiguë ou par ventilation mécanique.
Les résultats sur le risque de rhabdomyolyse induite par le donépézil « doivent alerter les professionnels et les autorités sanitaires », un risque de « majoration de la relaxation musculaire » -déjà documenté par les Agences de santé canadienne. L’auteur principal de l’étude, le Dr Jamie Fleet, du service de réadaptation de la McMaster University (Hamilton, Ontario), se veut cependant optimiste :
« De manière rassurante, l'incidence de de l'hospitalisation pour rhabdomyolyse dans les 30 jours d’initiation du traitement par donépézil reste faible ».
Source : CMAJ September 16, 2019 DOI: 10.1503/cmaj.190337 Risk of rhabdomyolysis with donepezil compared with rivastigmine or galantamine: a population-based cohort study
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